lundi 7 mars 2011

La Coupe Davis, c'est génial

Ben je ne sais pas vous, mais moi avec la Coupe Davis, je m'é-clate.
Parce que sans blague, nous garder scotchés devant une télé tout un week-end, de 14H à 21H pratiquement non-stop dans un hangar désaffecté d'un aéroport fût-il viennois, quand on a un beau soleil dehors qui vous tend les bras, pour s'enfermer avec une bande d'autrichiens pas foutus d'arroser correctement leur terre battue et obligés de la sécher après l'avoir complètement détrempée,...
ben faut le faire !!!

Bon ok, le soleil n'était pas vraiment brillant, il faisait pas mal frisquet, le dimanche c'est aussi fait pour se reposer (euh euh), et l'entourage ça peut se baratiner gentiment avec une petite mousse au chocolat maison en fin de repas, histoire de disposer de sa télé. Mais quand même, si on m'avait dit que ce premier tour, sur fond de polémique au sommet et d'abandons en chapelet, serait aussi passionnant, je ne l'aurais jamais cru.


D'abord, il y a eu Jeremy. Ou plutôt Môônsieur Jeremy.
On ne le voyait pas aller très loin face à Melzer, on se demandait même (une fois de plus) si Forget avait bien fait de le mettre face au meilleur autrichien, 10ème mondial tout de même, comme ça en début de premier tour, alors qu'il n'avait plus rien gagné depuis Shanghai, et traînait sa place de 49ème avec un seul titre à son actif. Faut dire qu'il n'avait pas trop le choix Forget, après les défections successives de tous ceux qui se trouvent trop bien classés pour aller se fatiguer inutilement sur un premier tour de Coupe Davis.
Eh ben il a bien fait. Et Jeremy a disputé crânement sa chance, au point de faire s'écrouler le grand costaud d'en face, transformé en râleur frustré et accumulant les fautes directes. Premier point pour la France, haut la main pour le petit Jeremy et son beau sourire.
Simon n'a eu qu'à achever le travail, face à un pré-retraité complètement en déroute et une équipe autrichienne assommée.
France : 2, Autriche : 0, ouh ouh !!

Tout aurait pu, aurait dû ? continuer sur cette lancée, et pourtant c'est ce qui semblait le plus à portée de main - le 3ème point décisif en double - qui nous a échappé à la surprise générale, Llodra/Benneteau flanchant au service et le leader autrichien retrouvant quelque souffle pour sauver l'honneur. France 2, Autriche 1.
Bon, ce n'est que reculer pour mieux sauter, demain ce Simon-là ne fera qu'une bouchée d'un 10ème mondial à la ramasse.

Eh ben non, une fois de plus, c'est le tennis qui nous surprend, balaye nos convictions et nos prévisions, et nous voilà à 2 points partout (ouille !!), à l'issue de ce match fou fou fou, où Gilou dominait brillamment un Melzer en pleine déroute... Jusqu'à ce que l'autrichien fracasse sa raquette et transforme sa rage en potion magique, après 4 heures de match, au point d'étouffer le français d'un incroyable 6-4 6-0.

Un cinquième match de tous les dangers s'imposait, et Jeremy renvoyé au turbin, puisqu'il avait tant envie de gagner. Après un premier set remporté par un excellent Martin Fischer, on n'était pas fiers sur notre canapé, et le public autrichien un peu amorphe en début de week end, s'est remis à scander la valse viennoise sur fond de réacteurs, persuadé que leur étoile d'Israël en 2010, allait balayer rapidement le petit Französisch inexpérimenté.
Mais le spectacle n'était pas fini, et nos nerfs ont été mis en pelote jusqu'au bout, pour encore plusieurs heures, jusqu'à l'effondrement final du jeune autrichien très méritant, et l'euphorie de la victoire du camp français. France : 3, Autriche : 2. OUF OUF OUF !!

Ah les amis, je vous le dis, le tennis c'est quelque chose, quand ça ressemble à çà.
Et la Coupe Davis, que beaucoup traitent de haut, y compris les meilleurs joueurs ou ceux qui se voient comme des leaders, c'est une sacrée affaire d'hommes, et c'est sacrément beau à regarder. Autrefois je n'aimais pas trop, je n'y comprenais rien, j'étais toujours perdue dans les groupes et les équipes, et préférais le côté individuel des tournois. Mais je m'aperçois qu'il se passe vraiment quelque chose de spécial dans cette épreuve inter-nationale. Le tennis n'en souffre pas, puisque les matchs respectent les mêmes règles que celles du circuit ATP. Des doubles aussi importants que les simples, et 3 sets gagnants, pour vous servir.

Mais le public n'est pas le même, et finalement c'est une bonne chose. Cela préserve de l'affluence opportuniste du "public grand chelem" qui cause balle jaune 4 fois par an - tout en offrant souvent la difficulté technique d'un grand chelem. Et l'ambiance est unique, l'enjeu est différent, le chauvinisme n'est pas "culpabilisant", on peut péter un câble sans se voir taxé de groupie, et s'affoler pour un joueur qu'on n'aurait même pas remarqué en cours d'année, on vibre, on râle, on hurle de joie, on chante faux mais à tue-tête, bref on s'éclate tranquille, enfin !

Nous voilà donc en quart de Coupe Davis, qui se jouera face à l'Allemagne, en juillet prochain.
Nous serons accompagnés dans l'épopée par les vainqueurs de ce premier tour, à savoir Suède-Serbie, Kazakhstan-Argentine, et Etats-Unis-Espagne. Aïe aïe aïe.
Personne ne sait jusqu'où nous irons, l'aventure peut nous mener à nouveau jusqu'à toucher le saladier du bout des doigts, puis nous écrouler sur un set, un jeu ou deux points de tie-break. Comme toujours au tennis.
Mais d'ores et déjà nous savons que notre équipe s'est enrichie d'un vent de fraîcheur inestimable pour ce genre de compétition, bien loin du souffle lourd venu de Serbie fin 2010 pour éteindre nos braises. Et que finalement, les manifestations les plus enthousiasmantes viennent parfois d'où on ne les attend pas, en toute simplicité et avec la plus belle des motivations : l'envie de gagner, quitte à se transcender pour faire gagner son pays.

JoL
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