lundi 24 octobre 2011

Chiffres et élucubrations statistiques

Gaël Monfils a remporté son premier titre de l'année à Stockholm, tandis que pour Janko Tipsarevic à Moscou, c'était le deuxième après Kuala Lumpur.

Et déjà, le Erste Bank Open de Vienne bat son plein en parallèle avec le St Petersburg Open - tout derniers M250 de la saison 2011 (puisque L'Open Sud de France de Montpellier a été reprogrammé au 30 janvier 2012, juste après Melbourne),
avant le dernier grand bond en Europe, où le Valencia Open et le Swiss Indoors Basel précèderont Bercy.

La Russie, la Suède et l'Autriche sont de bien beaux pays, mais sous notre souris aussi se cachent de vrais trésors. Et on peut encore, en "baguenaudant tennis" sur la toile, découvrir de belles statistiques qui peuvent confirmer ou étonner, décevoir ou réjouir.

Place donc à l'un des trésors du site ATP : la



On y trouve un outil formidable, l' ATP Reliability Index qui comblera tous les amateurs de chiffres, mais permet aussi de remettre beaucoup de choses à leur vraie place dans ce petit monde où toute performance récente prend rapidement des allures d'exploit, et où toute série de victoires a vite fait d'enterrer celles - parfois bien plus glorieuses - qui l'ont précédée.
Oh bien sûr, c'est du sponsoring (jusqu'en 2013), de la simple pub pour une grande société de fret connue de tous, et tout cela a probablement été mis en place pour être utilisé pour les paris récemment légalisés. Mais lorsque la communication ciblée sait se rendre aussi utile et intelligente, autant profiter du service qu'elle nous offre, et faire chanter les mathématiques.

Là, dans les chiffres aussi barbares que mystérieux des indices de fiabilité mis à jour, se cachent les vrais secrets des joueurs anciens ou actuels, leur vraie personnalité, le terrain où leur talent s'épanouit le mieux, leur endurance ou leur relative fragilité, leur réaction face à l'adversité. Avec des confirmations, et d'étonnantes découvertes.

C'est ainsi qu'on constate, à la semaine 42/2011 :
  • Que Nadal est bien le roi de  la terre battue, devant les Borg, Lendl, Vilas, Rosewal ou Connors. Cela ne surprend personne, et pourtant...
  • Que Federer détient la palme du meilleur "tie-breaker" du monde (pratiquement un tie-break sur deux remporté sur l'ensemble de sa carrière), et qu'en ce domaine Monfils est meilleur qu'Agassi !
  • Que Djokovic carbure à la confiance, puisqu'il est le joueur actuel qui a le plus de chances de remporter son match après le gain du premier set (ce qui n'est pas du tout le cas de Berdych ou Melzer),
  • mais s'en sort beaucoup moins bien lorsqu'il a perdu ce premier set (exercice où excellaient Rod Laver, Borg ou Lendl).
  • Et qu'un joueur inconnu du grand public mais très endurant, l'américain Johan Kriek, a fait pratiquement aussi fort que Nadal quand il s'est agi de remporter un 5ème set - contrairement à Gasquet ou Roddick, qui en ont plus perdu que remporté.
 Et c'est ainsi qu'on découvre cette passionnante analyse, "Indoor Records", où la perfection des conditions (terrain, climat) est censée révéler les meilleurs, contrairement à l'outdoor qui peut niveler les performances. Une sorte de jeu en laboratoire, qu'il serait bien sûr injuste de considérer autrement que comme un strict révélateur technique.

Il faut cependant toujours garder en tête que pour les joueurs en exercice, ces indices s'actualisent à chaque match, de façon bien plus sensible que peut l'être un classement ATP - et offrent peut-être ainsi une bonne similitude avec la défunte race.
De façon logique, plus courte aura été la carrière d'un grand joueur retraité, plus son indice de fiabilité sera difficile à égaler (bien gênant pour les générations suivantes, quand il est très positif).
Par contre, plus récente est la carrière d'un jeune joueur, plus son indice a des risques de faire le yoyo dans les années à venir... Ca semble évident, mais çà n'en est pas moins une notion capitale.

Rod Laver par exemple, est le champion inégalé du gain de matchs après perte du premier set, et il risque de le rester longtemps. Mais cette occasion ne s'est présentée à lui que 145 fois tandis qu'Agassi a dû relever 334 fois le défi - exemple frappant de l'influence perverse de la durée sur la performance, qui incite tant de joueurs à s'arrêter en pleine gloire et les fait rentrer dans une légende incontestée, sans que ce soit (à mes yeux) l'option la plus noble.

Et puis, toujours, on trouve la même problématique du lièvre et de la tortue, de l'explosion d'un talent ou de la régularité du labeur, de l'époque plus ou moins favorable, de la résistance naturelle du corps aux blessures tellement pénalisantes, de la réaction d'émulation d'un joueur face à l'amour du public ou face à son hostilité, de la capacité au dépassement de soi lors de l'arrivée des plus jeunes, de la dégradation/bonification du physique et du mental au fil des ans, de l'envie, du contexte familial ou social, de tout ce qui fait un être, mais que le sport de compétition exacerbe.

Notions totalement subjectives où personne n'est égal, mais où tout le monde a sa chance. Les plus difficiles à manipuler, et pourtant celles qui nous façonnent tous et peuvent révéler un grand athlète.

On se prend alors à rêver qu'une variable aléatoire "Potentiel Personnel de Base" puisse se glisser dans les formules complexes de calcul de ces indices, qui, en plus des performances évidentes du joueur, tiendrait  compte de ses aptitudes réelles, de sa résistance au mal ou de sa capacité innée de travail, et gommerait la notion de malchance ou l'influence sociale extérieure...
Pour trouver enfin, tout en haut du tableau, parmi les plus lumineux de nos champions, les Lenglen, Tilden, Rosewall, Edberg, Federer, Safin ou  Nalbandian, celui ou celle qui nous aura fait vibrer et aimer ce sport, par la grâce magique de son seul talent.

Le Fedex ATP Reliability Index n'est donc qu'un outil, dont les commandes nous échappent un peu mais qu'on aimerait voir étendu à beaucoup de critères - du plus grand nombre de balles de match sauvées à, pourquoi pas, la meilleure reconversion professionnelle.
Car les chiffres ne sont que des chiffres, mais c'est du solide, comme le sont des rochers sous une mer en mouvement. Au fond de nous-mêmes, nous savons qu'ils ne seront jamais, et c'est tant mieux, le principal critère d'appréciation de ces sportifs que nous admirons tant. Mais ils permettent souvent de toucher du doigt ce qui rend ces femmes et ces hommes si exceptionnels à nos yeux, et de relativiser la mouvance continuelle de l'élément qui les porte.

JoL

lundi 10 octobre 2011

Tigre majorquin et dragon écossais


  à l'affiche du 9 au 16 octobre :






avec Nadal, Murray, Ferrer, Tsonga, Fish, Berdych, Almagro, Simon,
Tipsarevic, Roddick, Troicki, Dolgopolov, Wawrinka, Melzer, Mayer et Verdasco



Djokovic et Federer étant forfait (ainsi que Monfils), il ne reste que deux têtes d'affiche sur l'avant-dernier moyen-métrage de la saison, avant que le combat des chefs ne révèle à Londres l'ultime secret de leurs raquettes volantes.
Fort d'une victoire sur Nadal attendue depuis le début de la saison, Andy Murray peut enfin aborder le tournoi de Shanghai en toute confiance, et espérer confirmer son titre - et sa revanche sur le joueur qui s'est acharné toute l'année à lui voler la vedette. D'autant plus que l'écossais a réussi le seul doublé de l'année, en remportant également le double de Tokyo aux côtés de son frère Jamie.

Avec un bilan de 4 titres, Murray figure pour l'instant parmi les plus titrés du circuit en 2011 - à égalité avec Söderling, et sans comparaison avec Djokovic qui a explosé toutes les stats de la saison. Et même si le grand chelem reste encore pour lui un lointain horizon qui refuse obstinément de se dégager, les succès et la confiance engrangée devraient en toute logique lui permettre de contempler prochainement son tout premier lever de soleil.

Mais d'ici là, les vénérables dieux chinois s'apprêtent à choisir le vainqueur du Shanghai Rolex Master, où s'affrontent cette semaine les vaillants fantassins de l'ATP.
Et c'est en rangs serrés que les récents finalistes de la tournée asiatique, Tomas Berdych en tête mais aussi Tsonga, Fish, Tipsarevic, Cilic et Ferrer, se lanceront à l'assaut des monts chinois pour tenter d'en déboulonner leurs statues d'argile.

JoL
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